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58 Les Spectacles de la Foire.
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et Ia femme du comparant ayant accepté ce parti, elle entra, le 23 juillet dernier, dans le couvent de l'abbaye St-Antoine ainfi que le comparant le lui avoit permis ; mais la régularité de cette maifon ne s'accordant pas avec
fés projets ni avec ceux dudit fleur Abraham D....., elle s'eft avifée de
s'évader de cette maifon fans en prévenir le comparant et d'aller s'établir, quinze jours après environ, dans une maifon beaucoup plus facile et dans laquelle elle a été reçue fans aucune information préalable, c'eft la maifon dite de la Mère de Dieu, paroiffe St-Sulpice. Le comparant eft inftruit que pour fe livrer plus librement à fés défordres, ladite dame Audinot a ellangé de nom et qu'elle a pris le nom de Dauffy, fous lequel feulement elle eil connue dans cette maifon. Il eft également inftruit qu'elle y .reçoit journellement les vifites du fleur Abraham D...... qui a un libre accès dans fon
appartement, qu'elle-même va fréquemment chez lui et qu'elle a plufieurs fois découché de la maifon, le faifant paffer pour fon frère. Que le 19 août dernier, étant partie de la communauté à neuf heures du matin, elle alla dans un carroffe de place vers le petit Montrouge où elle fut rejointe par ledit
'fleur Abraham D.....et que tous les deux ils dépendirent à l'auberge de la
Maifon-Blanche, où ils relièrent enfermés dans une chambre jufqu'à trois heures après midi, et qu'enfuite ledit fleur Abraham la reconduifit jufqu'à la place Saint-Michel.
Que le jeudi 28 du mois d'août dernier, la femme du comparant fortit dc fon couvent entre cinq et fix heures du foir, monta toute feule dans un fiacre
ct fe rendit à Clichi dans la maifon dudit fleur Abraham D...... qu'elle
y paffa la nuit et que le lendemain matin ils s'en revinrent enfemble cn cabriolet à Paris. Qu'ils paffèrent encore enfemble toute la journée et qu'elle ne rentra dans fon couvent qu'entre cinq et fix heures du foir, c'eft-à-dirc après une abfence de 24 heures. Enfin le comparant eft encore inftruit de bonne part qu'ils ont des entrevues journalières dans une maifon fufpectc, rue Montmartre. Ledit fleur comparant nous obferve, en outre, que par fon contrat dc mariage, il n'y a pas de communauté de biens établie entre lui ct la dame fon époufe ; que néanmoins, depuis le commencement de fés liai-
fons avec ledit lieur Abraham D....., elle a emporté de la maifon dudit
fleur fon mari différens effets, notamment trois plats d'argent et que lors de fa retraite au couvent et fucceffivement, elle a encore emporté trois autres plats d'argent et différens autres objets, comme armoires, tables, commodes et des diamans, bijoux et dentelles, pour environ 8 mille livres (1).
Dans ces circonftances le plaignant feroit fans doute autorifé à provoquer
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(t) Les renseignements qu'Audinot fournit ici sur Ies légèretés dc sa femme lui étaient donnés par un sieur Hcuri-Nicolas Nortier., musicien dc son orchestre, qu'il avait chargé dc l'espionner;
Cc personnage, pris uu jour cn flagrant délit, reçut à cc propos du sieur Abraham D..... une
volée dc coups dc canne dont il vint sc plaindre au commissaire Vanglcnnc le io octobre 1783. Les detourneme-ts commis par M1-- Audinot dans son menage furent attestés chez le rnéme commis* saire, le 16 octobre 1783, par Françoise Bouchet, femme dc Martin Leclerc, cocher bourgeois, elle cuisinière au service d'Audinot.
(Archives des Comm., n" .1993.)
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